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LA REVUE DE PARIS

ment que possible, une forte marine de guerre : « Le peuple américain doit construire et entretenir une marine puissante, ou se résigner à accepter une situation secondaire dans la politique internationale, aussi bien dans les questions commerciales que dans les questions purement politiques. » Le Président demande qu’on accroisse « sans interruption le nombre des unités capables d’ajouter à la puissance de combat de la flotte ». En même temps, il sollicite du Congrès les crédits pour mettre en état les stations navales récemment acquises dans le golfe du Mexique et dans le Pacifique, afin d’assurer à la flotte américaine une situation prédominante en ces régions.

Pour l’armée, M. Roosevelt, habilement secondé par M. Elihu Root, — qui laissera une réputation comme secrétaire de la guerre, — a pu faire accepter par le Congrès le plan qu’il avait dressé. Les États-Unis n’ambitionnent pas de devenir une puissance militaire. Mais, en 1898, on a pu voir combien était insuffisante la petite armée de vingt-cinq mille hommes qu’ils entretenaient depuis la guerre civile : elle se trouva submergée au milieu des volontaires auxquels il fallut faire appel ; dès les premiers jours de la campagne, on eut à lutter contre une désorganisation dont on ne s’était pas encore rendu maître à la fin de la guerre. Une série de lois adoptées en 1903 ont réalisé la réforme proposée par le Président. L’armée pourra être portée à cent mille hommes ; elle est maintenue actuellement au chiffre de soixante mille. Elle sera organisée de façon à pouvoir encadrer des réserves que l’on s’efforce de créer, en offrant des primes aux États qui accepteront d’équiper leur milice comme les troupes fédérales et de les soumettre aux mêmes méthodes d’entraînement. Enfin, la création d’un état-major général donne à l’armée la direction qui lui faisait défaut jusqu’ici.

L’acquisition des Philippines et le désir des Américains de développer leurs relations transpacifiques avec l’Extrême-Orient avaient, dès le lendemain de la guerre contre l’Espagne, fait regarder l’achèvement du canal de Panama comme une œuvre indispensable. L’échec de la Compagnie française et l’avortement de plusieurs sociétés américaines avaient convaincu les États-Unis que l’entreprise devrait être exécutée