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Le lendemain de la lecture, Sainte-Beuve écrit :

Ce mardi [8 octobre 1833].
Mon cher ami,

Voilà le billet de Magnin qui vous rend grâces et qui est empêché pour cette soirée : ainsi usez-en à votre convenance. – Hier, tout ce que j’ai entendu de la pièce me fait augurer un succès assuré. Je ne sais où la mauvaise humeur pourrait se prendre. Il n’y a dans tout ce que j’ai entendu que cette façon triomphante qui m’ait fait un doute. Ne serait-il pas possible de mettre un mot tout simple : d’une si solide manière, quelque chose qui n’arrêtât pas ? Au reste, c’est la queue du chien d’Alcibiade, et je compte vous aller serrer la main de joie après un bon et vrai succès : le dialogue est bien franc, domestique et naturel.

Tout à vous, mon ami.

Sainte-Beuve


Pendant les dernières répétitions de Marie Tudor, les deux amis se virent et dînèrent ensemble. Sainte-Beuve s’entremit pour la distribution des billets. Comme autrefois, et pour la dernière fois, il assista, il combattit à la première représentation. Le drame, applaudi au théâtre, fut très discuté dans la presse. Quelques jours après la « première », Sainte-Beuve écrit à Victor Hugo :


Ce mardi [26 novembre 1833][1].
Mon cher ami,

Il y a bien longtemps que j’avais l’idée de vous écrire pour vous rejoindre depuis ce soir où je vous ai quitté sans vous retrouver le lendemain. Mais j’ai eu mille occupations et tracas ; j’en ai eu aussi de tous ces sots vacarmes qu’on suscitait, au théâtre et ailleurs, à un triomphe qui aurait dû être facile, Marie Tudor étant celle de vos pièces où il y a le plus d’action dramatique ininterrompue, le moins de longueurs et autres inconvénients de scène précédemment reprochés. Je voudrais bien causer un de ces soirs avec vous, et, pour cela, que vous dîniez avec moi au même rendez-vous que les

  1. La lettre est adressée à « Monsieur Victor Hugo, place Royale, no 8, au Marais ».