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LA RÉFORME TUNISIENNE

monumentale, à chaux et à sable. J’ai dit, à cette même place, – 15 avril 1897 – comment il définissait son œuvre : une simple couverture, forte, mais souple. Le nom qu’il lui donna l’encadrait exactement dans les limites étroites de ses attributions. Ce ne devait pas être une « chambre », pas même un « conseil », mais une simple « conférence », qui n’aurait point à donner son avis sans qu’on le lui eût demandé. D’ailleurs, peu ou pas d’élections. C’était déjà trop que la Chambre de commerce fût élue. Les syndicats agricoles, simples associations privées, nommaient eux-mêmes leurs bureaux. Aux délégués du Commerce et de l’Agriculture, M. Massicault adjoignit les présidents et secrétaires français des municipalités principales ; plus quelques chefs de service, en nombre suffisant pour assurer le Résident d’une majorité. Telle quelle, cette institution fonctionna pendant quelques années à la satisfaction générale. Elle n’était point gênante ni même indiscrète, répondait avec convenance et modestie aux questions qu’on voulait bien lui poser et ne se hasardait point à en poser elle-même, encore moins à formuler des vœux téméraires ; en somme, une conférence de tout repos.

Ce furent les Résidents eux-mêmes, qui, pour y pouvoir prendre un appui dont ils avaient besoin, s’efforcèrent de lui donner un peu plus de consistance et de poids. M. Massicault s’en servit pour se défendre de son mieux contre les empiètements parlementaires et la faiblesse ministérielle. M.  Rouvier, plus heureux, y trouva l’appui suffisant pour éviter de soumettre au Parlement français la question des ports tunisiens. Ce furent les beaux jours de la Conférence, son apogée. Elle commençait à faire parler d’elle ; ses membres devenaient personnages d’importance : tout le monde voulut en être.

À côté des gros syndicats qui monopolisaient la représentation de l’Agriculture, des syndicats d’occasion se formèrent, à seule fin d’être représentés. On en vit surgir qui, composés de trois colons, députèrent deux délégués. Un autre ne se réunit qu’une fois et, lorsque ses délégués prirent place, le syndicat n’existait déjà plus. Il y eut surabondance de candidatures, compétitions, polémiques, gros mots et petits scandales. À Sousse, les élections furent par deux fois annulées ; à la seconde fois, l’annulation arriva trop tard : les invalidés