dredi pour Bâle. Si un mot de Victor nous attendait à Strasbourg, poste restante, nous le recueillerions au passage comme la manne.
Robelin qui se rappelle à vous fait souvenir Victor qu’il
lui a promis les Orientales en feuille.
De Worms, de Cologne, Sainte-Beuve écrit encore à Victor Hugo :
Mon cher Victor, nous voici à Worms, sans nouvelles de vous ni des vôtres ; nous y pensons toujours, nous parlons continuellement de votre absence ; si vous étiez avec nous seulement une heure par jour, et le reste du temps à Paris, à votre femme, à vos belles œuvres, nous aurions souvent besoin de votre parole pour nous fortifier et nous relever ; car il y a eu bien des mécomptes dans notre route quoique encore si courte.
Nous avons quitté Besançon fort contents d’en sortir, malgré le bon et cordial accueil de Weiss, de M. Demesmay et autres Francomtois. Mais nous avions hâte d’oublier ces vilaines murailles et ces maisons administratives qui ressemblent toutes à des hôtels de préfecture ; nous aspirions à Strasbourg. Eh bien ! nous y courons tout de suite, laissant à gauche la Suisse et ses neiges, nous arrivons et courons à la cathédrale ; le croiriez-vous ? désappointement presque complet. C’est bien moins mon avis que je vous donne, comme vous pensez, que celui de mes deux compagnons mais le gothique de cette cathédrale, classique entre les cathédrales, est maigre, sec ; ce sont de longues baguettes, les sculptures ont l’air d’être en fonte (mot de Robelin) ; rien de gris, d’encroûté, comme disent ces messieurs ; rien de cet écrasé de la pierre qui plaît tant à voir et qui est comme la ride au front du vieillard, comme la verrue de M. de Chateaubriand du buste de David. La façade a l’air d’être plaquée sur une muraille nue qu’on aperçoit derrière dans les longs intervalles des ogives ; c’est du gothique de la décadence, du XVe siècle ; au reste, en y regardant de plus près, ces messieurs y ont admiré des figures dont