penser qu’on ne peut tout en dire à la fois. Permettez-moi ici de compléter un peu ce que je vous en ai déjà témoigné. Tous les compliments que je vous en ai faits, je vous les ai faits parce que je les pense ; et je vous avoue très sincèrement qu’après la lecture des deux premiers actes, je ne voyais absolument à vous faire que des compliments. La lecture des troisième et quatrième actes, où il y a tant de beautés du premier ordre, m’a pourtant suggéré quelques critiques, que je me fais un devoir de vous soumettre, sans précaution oratoire, persuadé que c’est de la sorte qu’il faut en agir avec des hommes comme vous, et que, quelque idée que vous preniez de mon jugement, vous apprécierez l’intention qui l’a dicté.
Toutes ces critiques rentrent dans une seule que je m’étais déjà permis d’adresser à votre talent, l’excès, l’abus de la force, et passez-moi le mot, la charge. La partie sérieuse de votre drame est admirable ; vous avez beau vous abandonner et vous déployer, vous n’enlevez jamais votre sujet au delà du sublime. Les scènes de la réception des ambassadeurs, les deux qui la suivent au deuxième acte, le monologue de Cromwell après l’entrevue avec sir Robert Willis ; au troisième acte les scènes du conseil privé, de Milton aux pieds de Cromwell tout cela est beau et très beau ; on se récrie d’enthousiasme presque à chaque vers. C’est donc à la partie comique que j’adresserai surtout des reproches. L’idée de l’avoir mêlée, entrelacée avec l’action principale qui est toute terrible, était une source de beautés où vous avez largement puisé. Plus le contraste produisait d’effet, plus il fallait le dispenser avec sobriété, et je crois que vous avez dépassé la mesure surtout dans les aparté très longs et trop fréquents qu’il fallait, ce me semble, un peu plus sous-entendre : la parodie devait être moins développée ; elle se devine à demi-mot. Loin de moi au reste la pensée de blâmer ces poignants contrastes où les larmes et les rires se confondent. Cromwell délirant aux prises avec sa conscience et son crime, et Rochester caché, grimaçant et jouant avec l’énigme terrible qu’il ne comprend pas et qui est pleine de mort. C’est à l’abus, c’est aux détails, aux détails seulement que j’en veux, et je vous assure qu’il y a des moments hier où je leur en ai voulu beaucoup : n’allez pas croire qu’ils m’ennuyaient rien n’ennuie chez vous ; mais ils