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— Écartez-vous tous les deux, dit celui-ci. C’est à Kemp que j’ai affaire.

— Et nous, c’est à vous que nous avons affaire ! répondit le premier agent.

Il fit un pas rapide en avant, fourrageant avec son tisonnier dans la direction de la voix.

L’homme invisible dut se rejeter en arrière ; il alla donner dans le porte-parapluies.

Alors, comme l’agent chancelait, ébranlé par la violence même de son coup, la hache le frappa de front : le casque s’enfonça comme du carton, et l’homme alla rouler par terre jusqu’au seuil de la cuisine.

L’autre agent, visant derrière la hache avec son tisonnier, atteignit quelque chose de mou qui céda. Il y eut un cri de douleur, et la hache tomba sur le sol. L’agent battit encore le vide et ne rencontra rien ; il mit le pied sur la hache et frappa encore. Puis, il se redressa, brandissant son tisonnier, tendant l’oreille, attentif au moindre mouvement.

Il entendit la fenêtre de la salle à manger s’ouvrir, et des pas rapides courir à travers la salle. Son camarade se ramassa, se mit sur son séant, avec du sang qui lui coulait entre l’œil et l’oreille.

— Où est-il ? demanda le blessé.

— Je n’en sais rien, mais je l’ai touché. Il est quelque part dans le vestibule, à moins qu’il n’ait filé derrière vous. Docteur !… Monsieur !… Docteur !… »

Le second agent essayait de se remettre sur pied. À la fin, il y réussit. Soudain le bruit assourdi de pieds nus se fit entendre vers la cuisine.

— Holà ! cria le premier agent.

Et il lança son tisonnier qui alla briser un petit bec de gaz. Il fit mine de poursuivre l’homme invisible dans la cuisine. Puis, croyant mieux faire, il entra dans la salle à manger.

— Docteur !… commença-t-il.

Et il demeura court.

— Le docteur Kemp est un héros ! — reprit-il, comme son camarade arrivait pour regarder par-dessus son épaule.

La fenêtre de la salle à manger était toute grande ouverte. Ni la femme de chambre n’était là, ni Kemp.