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— Non, ne tirez pas derrière moi ! — fit le garçon qui s’efforçait de voir par-dessus le rideau.

— Très bien ! — répondit l’homme à la barbe noire.

Et, penché en avant, le revolver tout prêt, il ôta les verrous lui-même. Le garçon, le cocher et le policeman se tenaient en garde.

— Entrez ! — dit-il à mi-voix, en reculant, toujours face à la porte déverrouillée, avec son pistolet derrière lui.

Personne n’entra, la porte demeura close. Lorsque, cinq minutes plus tard, un autre cocher, du dehors, passa la tête avec précaution, ils étaient toujours là, en arrêt. Une figure inquiète sortit du salon :

— Toutes les portes de la maison sont-elles fermées ? demanda Marvel. Il fait le tour, il rôde tout autour… Il est rusé comme le diable !

— Oh ! Seigneur ! — s’écria le garçon. — Il y a par-derrière… Faites attention aux portes, mon Dieu !

Il regardait autour de lui d’un air découragé. La porte du salon se referma bruyamment et l’on entendit tourner la clef.

— Il y a la porte de la cour et l’entrée particulière. Celle de la cour…

Il sortit en hâte du bar. Une minute après, il reparut, tenant un grand couteau à découper.

— La porte de la cour était ouverte ! dit-il.

Et sa grosse lèvre inférieure s’abaissa.

— Il est peut-être déjà dans la maison, fit observer le cocher anémique.

— En tout cas, il n’est pas dans la cuisine, — répondit le garçon. — Il y a là deux femmes qui n’ont rien entendu ; et, d’ailleurs, j’ai porté des coups dans tous les sens avec ce petit tranchelard. Elles ne pensent pas qu’il soit entré. Elles ont remarqué…

— Avez-vous bien verrouillé la cuisine ? demanda le cocher.

— J’en suis bleu ! fit le garçon.

L’homme à la barbe rentra son revolver. Juste à ce moment, la planche du comptoir retomba, et, sous un coup furieux, la porte du salon fut enfoncée. On entendit Marvel crier comme un chat qu’on étrangle ; tout de suite on passa par-dessus le comptoir pour aller à son secours. Le revolver