nuer sa route. Il se leva et longea le banc, d’une curieuse manière, en s’éloignant peu à peu de son interlocuteur.
— Mais vous alliez justement me raconter quelque chose à propos de cet homme invisible ?
M. Marvel parut se consulter.
— Quelle blague ! dit une voix.
— C’est une blague ! répéta M. Marvel.
— Mais c’est dans le journal ! objecta le marin.
— C’est une blague tout de même. Je connais le gaillard qui a inventé l’histoire. Il n’y a pas d’homme invisible le moins du monde…
— Mais comment expliquer que ce journal ?… Allez-vous me dire ?…
— Rien du tout ! dit M. Marvel avec force.
Le marin ouvrit de grands yeux, son journal à la main. M. Marvel le regarda en face.
— Attendez donc, dit l’autre en se levant à son tour.
Et d’une voix lente :
— Vous allez me soutenir ?…
— Oui, fit Marvel.
— Alors, pourquoi m’avez-vous laissé vous raconter bonnement toutes ces balivernes, hein ? Qu’est-ce que cela signifie de laisser un homme se donner ainsi l’air d’un imbécile ?
M. Marvel enfla les joues. Le marin devint cramoisi et serra les poings.
— Voilà dix minutes que je parle. Et vous, petit pot à tabac, avec votre figure tannée, vous ne pouviez pas avoir la politesse élémentaire de…
— Vous n’allez pas me chercher chicane, à moi !
— Chercher chicane ! J’ai vraiment bonne envie…
— Venez-vous ? dit une voix.
Soudain quelqu’un fit faire demi-tour à M. Marvel, qui s’éloigna décidément d’une démarche bizarre, d’un pas saccadé.
— Vous faites bien de filer ! criait le marin.
— Filer ! Qui ? Moi ? dit Marvel.
Et il s’en allait obliquement, à grandes enjambées, avec, de temps à autre, de violentes poussées en avant. Une fois