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— Non… merci… Ne nous… dérangez pas.

— Bizarre ! dit M. Henfrey.

— Bizarre ! répéta M. Hall.

— Il a dit : « Ne nous dérangez pas !… »

— J’ai pas entendu.

— Puis il a reniflé.

Ils restèrent là, l’oreille tendue. De l’autre côté, la conversation était rapide et sourde :

— Je ne veux pas, — déclarait M. Bunting, en élevant la voix. — Je vous dis, monsieur, que je ne ferai pas cela…

— Qu’est-ce que ça signifie ? demanda Henfrey.

— Il dit qu’il ne veut pas. Ce n’est pas à nous qu’il parle, hein ?

— C’est honteux ! cria M. Bunting à l’intérieur.

— « Honteux ! » répéta M. Henfrey. Je l’ai entendu distinctement… Qui est-ce qui parle, à présent ?

M. Cuss, je pense, — répondit M. Hall. — Entendez-vous quelque chose ?

Un silence. Les bruits, à l’intérieur, étaient confus et indistincts.

– On dirait qu’ils secouent le tapis de la table ! dit Hall.

Madame Hall apparut derrière le comptoir. Son mari lui fit des signes pour l’inviter à se taire. Cela réveilla en elle l’esprit conjugal d’opposition.

— Qu’est-ce que vous écoutez là ? N’avez-vous donc rien de mieux à faire, un jour de fête comme aujourd’hui ?

Hall essaya de se faire comprendre par des grimaces et des gestes muets ; mais sa femme était obstinée, elle éleva la voix. Hall et Henfrey, découragés, se retirèrent sur la pointe des pieds dans le bar, continuant à gesticuler pour la mettre au courant.

Tout d’abord elle refusa d’ajouter foi à ce qu’ils avaient entendu. Puis elle exigea que Hall se tût, pendant que Henfrey lui racontait l’histoire. Elle était disposée à ne voir en tout cela que des sottises : sans doute, on avait remué les meubles…

— Je l’ai entendu crier : « C’est honteux ! » J’en suis sûr, dit Hall.

— Je l’ai entendu aussi, affirma Henfrey.

— Cela ne prouve rien.