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Pendant un moment, les gens demeurèrent ébahis ; puis il y eut tout à coup une panique qui les dispersa à travers le village, comme un coup de vent disperse les feuilles mortes. Seul, Jaffers resta sur place, en bas du perron, tout à fait immobile, les genoux ployés, la face tournée vers le ciel.


VIII

SUR LE PASSAGE DE L’HOMME INVISIBLE


Ce chapitre est extrêmement bref. On y apprend l’aventure de Gibbins, le naturaliste amateur de la paroisse. Tandis qu’il était couché, presque endormi, sur les immenses dunes, dans un isolement absolu, il entendit tout près de lui le bruit d’un homme toussant, éternuant et maugréant avec fureur. Il tressaillit et ne vit rien. Pourtant, cette voix résonnait, il n’y avait pas à en douter. Elle continua de maugréer, avec cette ampleur et cette variété auxquelles se reconnaissent les jurons d’un homme bien élevé. Elle monta, puis baissa, puis se perdit au loin, du côté d’Adderdean, à ce que crut Gibbins. Elle éclata dans un éternuement nerveux et mourut tout à fait.

Gibbins ne savait rien encore des événements de la matinée ; mais le phénomène était si frappant, si troublant, que sa sérénité de philosophe n’y résista point : il se releva précipitamment et descendit au pas de course la pente raide de la côte, dans la direction du village, aussi vite qu’il le put.


IX

M. THOMAS MARVEL


Représentez-vous M. Thomas Marvel sous les traits d’un homme à grosse figure mobile, au nez en forme de protubérance cylindrique, à la bouche lippue et flasque, à la barbe