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— Dites donc, ma brave dame, reprit l’autre…

— Il ne s’agit pas de « brave dame ».

— Je vous ai dit que mon argent n’était pas arrivé…

— Votre argent, vraiment !

— Mais je crois bien que, dans ma poche…

— Vous m’avez dit, il y a trois jours, que vous n’aviez plus sur vous qu’un souverain environ.

— Oui, mais j’en ai retrouvé d’autres.

Cris ironiques à l’extérieur :

— Ah ! ah !

— Je serais curieuse de savoir où.

Le mot parut vivement contrarier l’étranger. Il frappa du pied.

— Que voulez-vous dire ?

— Où donc avez-vous trouvé de l’argent ? Et d’ailleurs, avant que je reçoive rien, avant que je vous serve à déjeuner ou que je fasse pour vous quoi que ce soit, vous aurez à m’expliquer une ou deux choses que je ne comprends point, que personne ici ne comprend et que tout le monde est très désireux de comprendre. Je veux savoir ce que vous avez fait à ma chaise, là-haut ; et je veux savoir comment, votre chambre étant vide, on vous y a trouvé pourtant. Mes pensionnaires entrent par les portes, c’est la règle de la maison ; et c’est ce que vous ne faites pas ! Je veux savoir comment vous êtes rentré. Et je veux savoir encore…

Soudain l’étranger leva en l’air ses mains toujours gantées, frappa du pied encore une fois et cria :

— Assez ! — avec tant de violence qu’il fit taire madame Hall.

— Vous ne comprenez pas, dit-il, qui je suis ni ce que je suis. Je vais vous le montrer. Parbleu ! je vais vous le montrer !

Il mit alors sa main ouverte sur sa figure, et, lorsqu’il la retira, il y avait, au milieu de son visage, un trou noir !

— Tenez !

Et, faisant deux pas en avant, il tendit à madame Hall quelque chose que celle-ci, les yeux en arrêt sur cette face transformée, accepta machinalement. En voyant ce que c’était, elle poussa un grand cri, laissa tomber l’objet et recula en