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anglo-saxonne se manifestèrent une fois de plus : on bavarda beaucoup et l’on ne prit aucune résolution.

— D’abord, les faits ! dit M. Sandy Wadgers. Assurons-nous que nous sommes dans notre droit en forçant sa porte… Une porte fermée, on peut toujours la forcer ; mais ensuite, il n’est pas facile de la remettre en état…

Tout à coup, aventure prodigieuse, la porte de la chambre se poussa d’elle-même, et, comme ils la considéraient muets de surprise, ils virent, descendant l’escalier, la figure emmitouflée de l’étranger, qui roulait des yeux plus noirs et plus blancs que jamais derrière les énormes verres de ses monstrueuses lunettes. Il marchait avec raideur, avec lenteur, toujours farouche. Il traversa le vestibule et s’arrêta.

— Et ceci ? » dit-il.

Tous les yeux suivirent la direction de son doigt ganté : on découvrit la bouteille de salsepareille tout auprès de la porte de la cave. Alors l’inconnu pénétra dans le salon et, brusquement, grossièrement, il leur envoya la porte au nez.

Pas un mot ne fut prononcé jusqu’à ce que tout bruit eût cessé de retentir. Ils s’examinaient fixement les uns les autres.

— Eh bien, celle-là est encore plus forte, par exemple !… dit M. Wadgers.

Et il n’acheva pas sa phrase. Il ajouta, s’adressant à M. Hall :

— À votre place, je l’interrogerais. Je lui demanderais une explication.

Il fallut quelque temps pour amener à cette idée le mari de la patronne. À la fin, il frappa, passa la tête et put dire :

— Excusez-moi…

— Allez au diable ! cria l’étranger d’une voix terrible. Et fermez la porte derrière vous !

Ainsi se termina cette courte visite.


VII

L’ÉTRANGER DÉMASQUÉ.


L’étranger était entré dans le petit salon de l’auberge vers cinq heures et demie du matin. Il y resta jusqu’à midi, les