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leur certitude était absolue. Pendant une demi-minute peut-être, ils restèrent ébahis ; puis madame Bunting traversa le cabinet et regarda derrière le paravent, tandis que son mari, par une inspiration semblable, regardait sous le bureau. Madame Bunting secoua les rideaux de la fenêtre. M. Bunting inspecta la cheminée, l’explorant avec son tisonnier ; l’un fouilla la corbeille à papiers, l’autre le seau à charbon. Enfin ils finirent par s’arrêter et demeurèrent confondus, s’interrogeant mutuellement des yeux.

— J’aurais pourtant juré…, fit madame Bunting.

— Mais la bougie ! s’écria M. Bunting. Qui a allumé la bougie ?

— Le tiroir ? reprit madame Bunting. Et l’argent a disparu !

Elle se précipita vers la porte.

— C’est bien là le cas le plus extraordinaire…

Il y eut un formidable éternuement dans le corridor. Ils y coururent. Au même instant, la porte de la cuisine battit avec violence.

— Apportez la bougie ! ordonna M. Bunting.

Et il s’avança.

Il y eut un bruit de verrou rapidement repoussé.

Comme il arrivait à l’entrée de la cuisine, le pasteur vit que la porte de l’office s’ouvrait également et que les premières lueurs de l’aurore baignaient les masses sombres du jardin. Il était certain que personne n’était sorti par là. Pourtant la porte s’ouvrit, resta ouverte un moment, puis se referma bruyamment. En même temps, la bougie que madame Bunting avait apportée du cabinet tremblota et jeta un éclat plus vif.

La cuisine était déserte. Ils visitèrent à fond le garde-manger, l’office, et enfin descendirent à la cave. Ils eurent beau chercher : personne dans toute la maison.

Le jour surprit le pasteur et sa femme, au rez-de-chaussée, tous deux bizarrement accoutrés, continuant à ne rien comprendre, éclairés par la lumière bien inutile d’une bougie qui coulait.

— C’est bien le cas le plus extraordinaire !… recommença le pasteur pour la vingtième fois.

– Mon ami, dit madame Bunting, voilà Susie qui se lève. Attendons qu’elle soit dans sa cuisine pour remonter.