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bien, pas du tout ! Tout à fait noir ! Je vous affirme qu’il est aussi noir que mon chapeau.

— Parbleu ! s’écria Henfrey, c’est un cas étrange, tout de même ! Pourquoi donc son nez est-il aussi rosé que s’il était peint ?

— C’est exact, répliqua Fearenside ; je le reconnais. Mais je dis ce que je pense : cet homme est un homme pie, Teddy ; noir ici et blanc là, par taches. Et il en est honteux. C’est une espèce de métis : la couleur lui est venue par plaques au lieu d’être fondue. J’ai déjà entendu parler de ça. C’est d’ailleurs ce qui arrive communément pour les chevaux, comme chacun sait !…


IV

UNE INTERVIEW

J’ai rappelé avec détail les circonstances de l’arrivée de l’étranger à Iping afin que le lecteur puisse comprendre la curiosité qu’excita cet homme. Mais, sauf deux incidents bizarres, son séjour, jusqu’à la fête du village, peut être très brièvement raconté. Il y eut bien quelques escarmouches avec madame Hall à propos de questions domestiques ; cependant, chaque fois, jusqu’à la dernière dispute en avril, dès qu’il voyait poindre les premiers symptômes de ladrerie, il lui imposait silence par l’expédient commode d’une forte indemnité. Hall n’aimait point son hôte, et, toutes les fois qu’il l’osait, il parlait de la nécessité de se débarrasser de lui ; mais il dissimulait son antipathie avec soin et le plus possible, évitait l’inconnu.

— Prenez patience jusqu’à l’été, — répétait sagement madame Hall, — jusqu’au moment où les artistes commencent à venir. Alors, nous verrons. Il est sans doute bien arrogant ; mais, il n’y a pas à dire, une note ponctuellement payée est une note ponctuellement payée.

L’étranger n’assistait pas aux offices, et ne faisait aucune différence entre le dimanche et les jours de la semaine. Il