Il fit volte-face, les épaules à la cheminée, les mains derrière son dos.
— Et maintenant, ajouta-t-il, quand la réparation sera faite, je voudrais avoir du thé… Mais pas avant que la réparation soit terminée.
Madame Hall était sur le point de sortir — cette fois, elle n’essaya pas d’engager la conversation, pour ne pas s’exposer à être rabrouée devant M. Henfrey — lorsque le client lui demanda si elle avait pris ses dispositions au sujet des malles restées à Bramblehurst. Elle répondit qu’elle avait parlé au facteur et que le voiturier les apporterait le lendemain.
— Êtes-vous sûre que ce soit le moyen le plus rapide ?
Elle en était sûre, elle l’affirma avec froideur.
— C’est que, voyez-vous… Je vais vous expliquer ce que je n’ai pu vous dire plus tôt parce que j’étais trop gelé et trop fatigué : je suis un travailleur, un homme de laboratoire…
— Ah ! vraiment, monsieur ! fit madame Hall, très intéressée.
— Et mes bagages contiennent des appareils, un matériel…
— Toutes choses bien utiles, sans doute !
— Naturellement, je suis impatient de poursuivre mes recherches.
— Naturellement, monsieur !
— Ma raison de venir à Iping, — continua-t-il d’un ton assez délibéré, — était le désir de la solitude. Je tiens à n’être pas troublé dans mon travail. En plus, d’ailleurs, de mon travail, un accident qui m’est arrivé… (« Je le pensais bien ! » se dit madame Hall)… exige une certaine retraite. Mes yeux sont quelquefois si affaiblis et si douloureux que je dois m’enfermer dans l’obscurité des heures entières, m’enfermer à clef. Cela, de temps à autre. Pas pour le quart d’heure, toutefois. À ces moments-là, le moindre dérangement, par exemple l’entrée de quelqu’un dans ma chambre, est pour moi une cause de véritable torture… Il est bon que cela soit entendu.
— Parfaitement, monsieur. Si j’osais me permettre de demander…
— C’est bien tout, je crois, — dit l’étranger, de ce ton