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moment, interloquée ; puis elle se rappela les deux souverains donnés à l’arrivée, et cela fit qu’elle alla chercher des allumettes.

— Merci ! fit-il, quand elle lui en apporta.

Et il se détourna pour regarder de nouveau par la fenêtre.

Évidemment il était chatouilleux sur la question des opérations et des pansements. Elle n’osa plus rien dire, mais cette manière de la rudoyer l’avait irritée… Millie eut lieu de s’en apercevoir pendant l’après-midi.

Le voyageur resta dans le salon jusqu’à quatre heures, sans donner à son hôtesse prétexte à y entrer ; il demeura presque continuellement immobile, sans doute assis, dans l’obscurité croissante, fumant à la lueur du foyer, ou peut-être sommeillant. Une ou deux fois, quelque oreille attentive l’aurait entendu tisonner ; après cela, pendant cinq minutes, il arpentait la pièce. Il semblait se parler à lui-même. Puis le fauteuil craquait : il venait de se rasseoir.


II

LES PREMIÈRES IMPRESSIONS DE TEDDY HENFREY


À quatre heures, il faisait tout à fait sombre. Au moment où madame Hall prenait son courage à deux mains pour aller demander à son hôte s’il désirait du thé, Teddy Henfrey, le petit horloger, entra dans le bar.

— Vrai, madame Hall, voilà un fichu temps pour des bottines légères !

La neige tombait de plus en plus fort.

Madame Hall acquiesça d’un hochement de tête et remarqua que Teddy avait sa trousse avec lui.

— Pendant que vous êtes là, monsieur Teddy, je vous serais obligée de vouloir bien donner à la vieille pendule, dans le salon, un petit coup d’œil. Elle marche et elle sonne bien, mais la petite aiguille s’obstine à marquer six heures.

Lui montrant le chemin, elle se dirigea vers la porte du salon ; elle frappa et entra.