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L’ÎLE DE PÂQUES




Pour Albert Vandal.


Il est, au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, œuvres d’on ne sait quelle race aujourd’hui dégénérée ou disparue, et son passé demeure une énigme.

J’y ai abordé jadis, dans ma prime jeunesse, sur une frégate à voiles, par des journées de grand vent et de nuages obscurs ; il m’en est resté le souvenir d’un pays à moitié fantastique, d’une terre de rêve.

Sur mes cahiers de petit aspirant de marine, j’avais noté au jour le jour mes impressions d’alors, avec beaucoup d’incohérence et d’enfantillage.

C’est ce journal d’enfant que j’ai traduit ci-dessous, en essayant de lui donner la précision qui lui faisait défaut.


Journal d’un aspirant de la FLORE


I


3 janvier 1872.

À huit heures du matin, la vigie signale la terre, et la silhouette de l’île de Pâques se dessine légèrement dans la