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pements miniers, où d’abord ils avaient été accueillis comme de bons et joyeux compagnons, leur présence n’avait pas tardé à susciter des jalousies et des rivalités haineuses. Mal protégés, parce que leur esprit de retour demeurait intense et les empêchait de demander la naturalisation, ils finirent par être en butte à l’hostilité des Américains qui les chassèrent brutalement des mines.

Le comte de Raousset-Boulbon se mit à leur tête. Il était lui-même un naufragé de la vie et avait passé, en Californie, par les plus durs métiers. Coureur d’aventures plus que de dollars, ambitieux de gloire plus que de richesse, il entrevit la possibilité de venir en aide à ses compatriotes malheureux, tout en dotant la France d’une colonie nouvelle. Il s’agissait de la Sonora à laquelle on attribuait, à tort ou à raison, un sous-sol minier d’une grande étendue. En tout cas, ces mines existaient, car leur exploitation n’avait cessé qu’avec la domination indienne.

Raousset-Boulbon se rendit à Mexico et, appuyé par le ministre de France et par une puissante maison de banque, il acquit à ses vues le président Arista. Revenu à San-Francisco, il y organisa son expédition et, le 10 juin 1852, il débarquait à Guaymas avec 250 Français. Dans l’intervalle, les intrigues de l’Angleterre avaient arraché au président du Mexique le retrait de la concession. Le général Blanco, gouverneur de Sonora, reçut fort mal la petite troupe et fit à son chef des offres inacceptables. Ce dernier se décida à marcher de l’avant. Après un arrêt à Magdalena, où ils assistèrent à de grandes fêtes religieuses et devinrent en peu de temps les amis de la population indigène, les Français, arrivés devant Hermosillo, en chassèrent le général Blanco et ses 1.200 soldats et s’installèrent dans la place. Par malheur, Raousset-Boulbon tomba dangereusement malade et fut pour de longs jours réduit à l’impuissance. Sa troupe, découragée, prêta l’oreille aux propositions de Blanco. Les Français reçurent quarante mille piastres à la condition d’évacuer le pays. Ils regagnèrent Guaymas, transportant leur chef dans une litière, et se rembarquèrent pour San-Francisco. Or, en Californie, la prise d’Hermosillo avait eu un retentissement considérable ; un renfort de 600 Français allait partir et les capitalistes se