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LETTRES DE COMPIÈGNE ET DE FONTAINEBLEAU 5

vérilable éloquence. Il avait lu Sibylle et paraissait très frappé de la première partie et de mes petits conseils au clergé.

On me fait dire à l'instant qu'il n'y a pas de chasse à courre aujourd'hui, à cause de la gelée. Grand désespoir pour Auguste, qui est, d'ailleurs, ravi de la situation. Il se fait friser tous les matins pour m'aider, le soir, à mettre mes bas de soie et mes culottes.

Avec lout cela, je n'aime que toi, Jacques, Richard et aussi ton chien Soulouque dont l'attitude, derrière M. Richard, m'attendrit.

III

Quand je descendis, après le déjeuner, hier matin, le préfet du palais sauta sur moi d'un air effaré :

— L'Impératrice vous a demandé pour vous mettre à sa gauche pendant le déjeuner. On vous a cherché partout!

J'ai fait une mine désolée. Il m'a conduit aussitôt à l'Impé- ratrice, à qui j'ai adressé mes excuses sur le ton du désespoir. Elle a ri de la meilleure grâce du monde, ajoutant :

— Ga se retrouvera.

J'ai passé l'instant d'après chez la princesse de Metternich, que J'ai trouvée apprenant consciencieusement son rôle, pour nos charades qui devaient être jouées le soir. J'ai essayé de me débarrasser de mon méchant rôle de jardinier, d'abord sur le prince de Reuss, ensuite sur Clermont-Tonnerre, mais je n'ai pas réussi. Je me suis donc résigné. Je suis monté dans ina chambre. J'ai envoyé l'intelligent Auguste par la ville avec la mission de m'acheter de la poudre de riz et de me déterrer un costume de jardinier. Il a trouvé tout cela, et jai passé une heure à me poudrer devant ma glace et à in'affubler d'un pantalon tricolore et d'une veste de beau berger. À quatre heures, j'ai couru au théâtre, où J'avais rendez-vous avec ces dames. J'ai répété ma scène avec la princesse de Metternich, puis j'ai donné mes instructions pour le décor et je suis allé endosser mes culottes. à la hâte. Immé-

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