Page:Revue de Paris - 1894 - tome 2.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRES DE COMPIÈGNE ET DE FONTAINEBLEAU 3

l'Impératrice. Il s'est retiré aussitôt; nous avons repris place autour du guéridon, qui n'a pas bougé davantage.

Un peu après, je suis rentré chez moi en loute hâte pour m'habiller ; les salons étaient déjà remplis quand j'y suis descendu. Tout étincelait de parures et d'épaules. J'ai trouvé la M. de Sacy, intimidé à un degré extraordinaire.

J'étais placé à table entre la belle comtesse Dumoncel el une jeune personne que j'ai supposé être la femme du sous- préfet de Compiègne, laquelle était passablement déconte- nancée dans sa gloire.

Au relour du fumoir, j'ai fait quelque chose de bien étrange. On dansait au son du fameux piano mécanique; madame Du- moncel me saisit tout à coup la main et veut me faire danser un vis-à-vis avec je ne sais qui. Tu vois mon horreur. Néanmoins, je m'aligne sur le carré; et, si ce n'est que j'ai déchiré la garniture de la robe de madame Dumoncel, je m'en suis fort agréablement tiré.

La princesse de Metternich, qui m'avait gratifié en entrant d'une chaude poignée de main, est revenue vers moi après la danse et m'a entamé Sibylle avec toute l'ardeur expressive de ses yeux et de son langage. J'ai causé une bonne demi-heure avec elle et j'ai été séduit par sa franchise enthousiaste sur toutes les matières.

Je l'écris une longue lettre, chère enfant, et pourtant cette lettre n'est pas intéressante, parce que, voulant tout dire, je galope tout. Enfin, je remplirai les lacunes à mon retour.

Toujours en attendant, aie de la patience, du courage et a“ime-moi bien.

Il

C'est aujourd'hui chasse à courre, ma chérie, et le temps est superbe. Les gazons et les treilles du parc sont blancs de gelée. et le soleil poudroie sur les collines qu'on appelle les Beaux Monts, et qui forment au loin l'horizon de la forêt. Ce beau temps se traduit à l'intérieur par des chants de fileuse

Digitized by Goc gle


Original from

UNIVERSITY OF MICHIGAN