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REVUE DE PARIS.

Or, à l’auberge de la Croix de Lorraine, où avait toujours logé ce jeune homme depuis qu’il résidait à Paris, on était dans la plus grande inquiétude à son égard ; on ne l’avait pas vu depuis environ trois semaines.

Ceci n’était guère fait pour éclairer la question.

Après un mandat d’amener lancé contre le jeune étranger, et quelques poursuites qui n’eurent également aman résultat, la justice remporta son flambeau, qu’elle se serait obstinée vainement à faire pénétrer dans ces ténèbres. — Force fut donc à chacun de s’en tenir là de même, c’est-à-dire de se résigner à ne rien savoir.

La coïncidence de la disparition du neveu et de l’onde, toutefois » ne vint pas tarir les déductions et les conjectures ; cela ne fit au contraire qu’ajouter un affluent de plus à la source des suppositions. D fut décidé généralement que le jeune homme s’était enfui en Allemagne, après avoir fait main-basse sur les richesses de son onde, que dans une de ses dernières visites il avait expédié et enterré sais doute dans quelque coin du jardin.

Quant à nous, bonnes gens que nous sommes, ne nous hâtons pas de rien supposer, et continuons.

À la suite de ces évènements, le château de maître Jean d’Anspach tomba en déshérence, et fut vendu au profit de l’état, au bout de la prescription voulue par la coutume.

Des mains du premier acquéreur, il passa successivement dans celles de plusieurs autres, pendant le cours du siècle dernier, et le vieux thésauriseur allemand et l’enfouissement de son magot ne tardèrent pas à être oubliés par les nouveaux propriétaires et seigneurs.

Mais sous le chaume on a meilleure mémoire, et les richesses hyperboliques et la vie extraordinaire de maître Jean l’avare avaient frappé trop vivement l’esprit des villageois d’Arcueil pour qu’elles n’y laissassent pas des traces plus profondes. Et par tradition, les manants du lieu et le peuple de Paris, chez qui cette histoire s’était répandue, continuèrent à désigner la caverne du parc comme devant receler un trésor immense, caché là autrefois par une espèce de juif d’Allemagne, orfèvre et usurier du roi, qui était si riche, si riche, disait-on, qu’il aurait pu combler un puits avec son or.

Puis dans ces dernières années, lorsque les opérations occultes, les chercheurs d’esprits et les chercheurs de richesses souterraines devinrent pour ainsi dire à la mode, ce fut sur le territoire d’Arcueil plus particulièrement que, poussés par la renommée publique, se