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Une tournée
en Flandres.

I.

La route de Paris à Bruxelles, si connue des artistes, et surtout des commerçans malheureux, se déroule uniformément comme un long ruban de même étoffe. Aux frontières, les ciseaux seuls de la douane entrecoupent cet aunage monotone de plus de cent lieues. Nulle barrière d’ailleurs ; ni montagnes comme les Pyrénées, ni fleuve comme le Rhin, pas une borne naturelle entre les deux territoires, pas même une limite factice, pas le moindre dieu terme pour vous dire : France ou Belgique. Seulement, quand la route se fait belge, elle se pare de moulins à vent, de cheminées de pompes à feu, ces tourelles de la féodalité moderne qui a changé les châteaux forts en fabriques et les vassaux en ouvriers.

La Belgique se reconnaît encore au ton gris et brumeux de son ciel, à ses terrains plats et chauves de tout feuillage. Les betteraves y ont remplacé les arbres, la fumée a remplacé l’air. Cependant, à compter les nombreuses maisons qui se coudoient aux deux bords de la route, à voir les faces réjouies des habitans, les savantes cultures des terres, l’activité des hauts fourneaux empa-