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chaque jour. » Tout porte cependant à croire que cette pièce, bien que dialoguée comme le célèbre desbat de la chair et du poisson, n’était autre qu’un petit poème du genre de la Vie de saint Hareng, glorieux martyr ; morceau rare où, sous le voile d’une assimilation très hardie pour le xve siècle, on donne des détails culinaires assez curieux sur le parti qu’on tirait alors de ce poisson.


Entre Boulogne et l’Angleterre
Fui pris le corps de Saint Hareng
Qui souffrit plus que Saint Laurent.
À Dieppe son corps fut porté,
Puis il fut mis en la fumée,
Pendu en guise de larron,
Et depuis mangé au cresson,
Au vinaigre, à la moutardée,
Tant est gracieux et courtois
Qu’on le mange avec des pois,
Et les bonnes gens de village
En font souvent de bon potage.
C’est grand péché que Saint Hareng
Soit martyr aussi souvent.

En général, on peut donner comme type de ces compositions, la Condamnation du banquet, allégorie gastro-hygiénique, beaucoup mieux conduite que la plupart des pièces du même genre.

La scène s’ouvre par un pique-nique, où figurent Bonne-Compagnie, Je-bois-à-vousy Souper, Passe-Temps, Friandise et Gourmandise. Tous se mettent à table en annonçant les meilleures dispositions. « Moi, dit Gourmandise,


Je quiers le gias bœuf et les ris,
Chapons et poules bien nourris ;
        Car de la panse
        Vient la danse.

Les convives commencent à fonctionner en conséquence ; mais dans le moment où ils font le plus d’honneur au repas, des lîgui es