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leux. Tantôt, elles traversent les mers, et, des rives du Gange, arrivent jusqu’à nous ; tantôt elles éclosent dans les murs de quelque obscur monastère. On profite d’elles en oubliant leur origine ; et tandis que le nom du plus mauvais poète se perpétue, grâce aux commentateurs, et aux savans, le nom de l’utile inventeur du papier reste plongé dans une obscurité profonde.

Dès les premières années du moyen-âge on voit s’élever des hôpitaux, des asiles pour les enfans trouvés et les vieillards, des maisons de retraite[1] pour les pauvres, établissemens qui, sous l’influence du christianisme, devinrent bientôt communs à tous les peuples civilisés. Quelques coutumes des barbares, adoptées par les vaincus, ajoutent au luxe et aux jouissances de la vie : tel est l’usage des pelleteries et des fourrures[2], que les Romains ignoraient. Les anciens montaient à cheval sans étriers et sans selle[3] ; cet usage date du cinquième siècle. On n’avait employé, jusqu’au huitième siècle, que le parchemin, le papyrus et les tablettes enduites de cire pour y inscrire ses pensées. Un nommé Amru, de la Mecque, imagine, vers l’année 706 de notre ère, de piler le carton pour en faire du papier[4]. Le papier de chiffons est inventé vers 1250 ; l’érudit Montfaucon a vainement essayé de remonter à la véritable origine de cette invention si précieuse[5]. Pendant le cours du dixième siècle, au sein de la barbarie la plus profonde, des moines oisifs inventent les horloges. Auparavant on se servait de clepsydres, de sabliers et de gnomons[6]. Vers le onzième siècle, les bénédictins

  1. Sous Constantin. Voy. l’Histoire Byzantine.
  2. Vie de Charlemagne, par Eginhart.
  3. Voy. le Code Théodosien, livre 8, titre vii.
  4. Voy. Casiri, Bibliothèque arabico-espagnole, tom. ii, p. 9.
  5. Annal. Benedict. de Montfaucon.
  6. Le premier document authentique où il soit question de l’invention des horloges est une Vie de Guillaume, abbé d’Hirsau, par un anonyme (publiée à Vienne, par Stengel, en 1611)