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les membres du corps social, naguère paralysé. Un nouveau sang circule dans les veines du vieil Éson. A la voluptueuse lâcheté des habitans de l’Empire succède la farouche humeur des conquérans. Instrumens aveugles d’une rénovation nécessaire, ils portent le fer et le feu dans ces plaies profondes que la corruption a gangrenées. Ils arrêtent ainsi la lente dissolution qui dévorait l’espèce humaine.

Alors toutes les relations sociales changent ; les propriétés sont morcelées ; la vassalité, espèce de servitude adoucie, prépare l’abolition de l’esclavage. Malgré l’oppression inhérente à la conquête, le nouveau mode de justice et d’organisation sociale développe avec plus d’énergie les facultés humaines. L’esprit d’association, spécialement propre aux Germains, se répand dans le peuplé vaincu. Dans les villes abandonnées par les grands propriétaires se forment les corporations. Une classe d’hommes livrée à des travaux industriels acquiert et mérite son indépendance. La bourgeoisie naît ; elle oppose une barrière puissante aux usurpations de la propriété territoriale. Aldermen de Londres, magistrats des républiques italiennes, se rangent parmi les puissans de la terre ; quelques-uns déploient des vertus héroïques. Vous reconnaissez déjà tous les germes de la liberté, de l’industrie modernes. Hardiesse, vigueur, témérité, sont les caractères de l’époque. Que de personnages extraordinaires ! que d’actions sublimes ! Les rois sont dignes du trône ; les hommes d’État ne se contentent pas d’intrigues obscures : ce sont des guerriers et des savans. Charlemagne, Philippe-Auguste et saint Louis ; les monarques saxons, Alfred et Canut ; Richard Cœur-de-Lion et le Prince-Noir ; Gerbert et Hildebrand : quels noms ! quels hommes. !

Les calamités de cette époque orageuse furent fertiles en bienfaits que l’avenir a recueillis. L’Orient, avec lequel l’Europe eut des relations fréquentes, nous enrichit d’une foule de découvertes que nous avons perfectionnées. Le génie de l’homme, se dévouant à la recherche des moyens d’avancer l’industrie, produisit toutes les inventions qui ont changé le monde. Le nombre de ces inventions est surprenant ; leur berceau n’est pas moins merveil-