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jour. Mme de Staël, qui aime tant les Anglais, et par admiration et par reconnaissance, n’a pu tout-à-fait dissimuler la nullité des femmes anglaises. Elle l’excuse, en déclarant que « dans les pays libres, les hommes reprenant toute leur dignité, les femmes se sentent subordonnées. » La duchesse de Somerset frappait un jour familièrement sur l’épaule de son mari avec son éventail. Le duc se retourne, et d’un air mécontent lui dit : « Madame, ma première femme était une Percy, et elle n’a jamais pris cette liberté. » En législation, cette subordination des femmes va quelquefois un peu loin en Angleterre, où l’inégalité des partages dans les successions condamne tant de filles au célibat, et où l’on trouve encore de loin en loin, parmi le peuple, des exemples de ces ventes de femmes, qui semblent protester contre la civilisation chrétienne et l’abolition de l’esclavage.

Si les dames anglaises sont un peu négligées par les hommes, elles doivent, en retour, faire bien moins de frais pour leur plaire ; et sans pousser notre jugement sur elles aussi loin que lord Byron, on peut dire, de l’aveu des Anglais, que leurs femmes ont en général plus de vertus que de grâces. Si la vertu suffisait pour fixerles hommes, à la bonne heure ; mais ces mêmes Anglais qui attachent un sens si doux et si complet au mot home (le foyer, le chez-soi, l’intérieur de la famille, et quelquefois la patrie), ces mêmes Anglais sont le peuple le plus nomade de l’Europe, et le plus tourmenté d’un besoin inquiet de distractions qui les entraîne loin des habitudes domestiques. De là tant d’assemblées d’hommes, de la les clubs.

Arrêtons-nous un moment à la définition de ce mot si exclusivement anglais, que nous l’avons adopté en français sans le traduire. Club signifiait originairement l’écot ou le dividende d’un compte payé en commun. La première assemblée appelée club a dû être une réunion de convives contribuant par portions égales à la dépense d’un banquet. Le docteur S. Johnson n’a vu que cette étymologie lorsqu’il a défini un club une réunion de bons vivans, soumise à des règles particulières. Ce sens restreint ne saurait comprendre le club des silencieux, cité par Addison, dont les membres, exagérant à plai-