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Création et du Très-Haut qui l’a voulue si belle ; amour de la religion, si chère à ce catholique fervent que la méditation, la prière et l’extase sont les véritables ailes de sa musique ; amour enfin de cette perfection idéale qui presque toujours le fuyait, mais dont il jouissait quand même en Dieu, avec une allégresse infinie : le chaud rayonnement de cette flamme exalte, dans ses moments heureux, la fougue du symphoniste. Ses fidèles le vénéraient, à la fois, pour son talent et pour son âme. Son prestige ressemblait à une vertu. C’était un cœur expansif, vibrant, que le froid de la vie, le froid impitoyable de l’expérience, n’avait pu altérer. Il existe ainsi des rêveurs, sur les lèvres de qui les vieux mots romantiques de vaillance, d’honneur, de foi, d’espoir et d’amour céleste, même prononcés avec le plus vif enthousiasme, ne rendent pas un son ridicule. Anton Bruckner fut l’un d’eux.


Trois premières auditions de M. Albert Roussel. — Après les mauvaises nouvelles qui nous avaient inquiétés, voilà quelques mois, M. Albert Roussel ne pouvait mieux rassurer ses nombreux admirateurs qu’en leur offrant ces trois ouvrages de fraîche date qu’ils viennent d’applaudir au concert et au théâtre.

Sa Rhapsodie flamande, exécutée par la « Société Philharmonique de Paris » le 28 janvier 1937, et puis encore son Concertino pour violoncelle, que les Concerts Poulet-Siohan donnèrent le 6 février, témoignent d’un parfait équilibre. Dans la Rhapsodie flamande, construite sur cinq thèmes populaires, il y a même, outre l’enjouement accoutumé, tant de verve, une gaîté si plantureuse et drue, qu’on se passe, après cela, d’un bulletin médical en bonne forme.

Cette maîtrise aimable se retrouve dans le Concertino pour violoncelle, fruit de ses vacances récentes et, par conséquent, le dernier-né de M. Albert Roussel. La musique française moderne voudra bien enrichir le répertoire de ce merveilleux instrument, le violoncelle. Franck ne rêvait-il pas, sur le tard, d’une Sonate pour violoncelle destinée à faire