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LES ROMANTIQUES
ET LES PARNASSIENS
DE 1870 À 1914

LES QUATRE VENTS DE LA POÉSIE


L’exil intérieur de Lamartine, l’exil extérieur de Hugo, le procès de Baudelaire, avaient mis le Second Empire en froid avec la poésie. Ajoutons que la cour impériale n’avait pas de goût, que les hommes d’État étaient sans culture, que le militaire donnait le ton. Théophile Gautier était rallié à l’Empire, mais quand il écrivit son Rapport sur l’état de la poésie à l’occasion de l’Exposition de 1867, le vieux condottiere d’Hernani sut marcher au canon : « Chez Hugo, écrivit-il, les années, qui courbent, affaiblissent et rident le génie des autres maîtres, semblent apporter des forces, des énergies et des beautés nouvelles. Il vieillit comme les lions : son front, rongé de plis augustes, secoue une crinière plus longue, plus épaisse et plus formidablement échevelée. Ses ongles d’airain ont poussé, ses yeux jaunes sont comme des soleils dans des cavernes, et, s’il rugit, les autres animaux se taisent. »

Le 4 septembre, la République était proclamée, pour la troisième fois, devant un pays qui n’était pas plus républicain en 1871 qu’il ne l’était en 1792 et en 1848. Il allait mettre trente ans à le devenir. Entre les causes qui le tournèrent à la République, il y a celle-ci : en 1870 l’idée républicaine s’éclaire du rayonnement de Hugo (Lamartine était