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LE COMTE DE CHAMBORD EN ITALIE

Mon grand-oncle, le comte de Chambord, quand il voyageait, tenait un journal. Le premier en date est celui de son voyage à Rome et à Naples pendant l’hiver 1839 à 1840. Il avait alors dix-neuf ans. Son éducation classique terminée, le duc d'Angoulême s’était préoccupé de remplacer les précepteurs par des gentilshommes français dignes d’entourer et de conseiller l’héritier de sa race. Il fit appel au duc de Lévis, qui malgré la différence d’âge, devint bientôt le confident intime, l’ami sûr et cher du prince. Jusqu’à sa mort, Henri V connut bien des dévouements passionnés ; il n’en fut pas de plus intelligent et de plus compréhensif.

Aux côtés et sous les ordres du duc se trouvaient le comte de Montbel, jadis maire de Toulouse et ministre de l’Instruction publique du roi Charles X, et le colonel comte de Locmaria, qui avait fait les guerres de l’Empire, commandé un régiment sous la Restauration, et quitté l’armée en 1830 comme sous-directeur du personnel au Ministère de la Guerre[1].

Dès son arrivée à la Cour exilée, le duc de Lévis obtint du duc d’Angoulême l’autorisation d’organiser des voyages qui instruiraient et distrairaient le duc de Bordeaux, et lui donneraient l’occasion de se faire connaître de l’Europe. Avant

  1. Le comte de Locmaria a publié un livre : Souvenirs de voyage du Comte de Chambord en Italie, en Allemagne et dans les États d’Autriche, de 1839 à 1843, Paris, Delloye, 1846.