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Feuille 13 : » Il est frappé de voir tous ces gens (les adultes) prendre tout à fait au sérieux leurs balivernes, de les voir plus bêtes et plus insignifiants qu’ils ne le paraissent (l’un des visiteurs, un savant, s’enivre, puis va passer la soirée avec des tziganes).

» Période d’athéisme. Il faut absolument marquer comment agit sur lui l’Évangile. Il est d’accord avec l’Évangile.

» En attendant, le principal pour lui est son moi et ses intérêts. Quant aux problèmes philosophiques, il s’y intéresse dans la mesure où cela touche sa personnalité. »

Feuille 9 : « Il est le premier à s’étonner de son tempérament ; il se met à l’épreuve et aime se pencher sur l’abîme. »

Cherchons à la suite, dans le dédale des notations, les fils de la trame qui y pointent.

Le milieu et l’époque où l’action est située, d’abord.

D’une colonne de chiffres, à allure cabalistique et se dressant au centre de la feuille 12, Dostoïevsky tire la déduction que le « grand pécheur » est né en 1835, trente-cinq ans auparavant, d’où il appert que l’action se termine en 1870, année où est dressé le plan du roman. Sachant, d’autre part, que le héros a treize ans au début de l’action, nous constatons que celle-ci commence en 1848 et se poursuit durant vingt-deux ans, jusqu’au moment où le « grand pécheur » devient « le plus grand des hommes ».

Ces calculs nous fixent sur la période dont les événements sociaux, politiques et courants moraux, en Russie et dans le reste de l’Europe, influèrent sur le milieu où se meut le héros et sur lui-même.

Milieu des « intellectuels », spécifie Dostoïevsky dans une de ses lettres. Mais, à en croire les définitions du « plan », la famille où est élevé l’enfant est de culture moyenne, de moralité accommodante, vivant dans la grisaille des intérêts étroits là où les passions spasmodiques ne troublent pas longtemps la mollesse ambiante.

Le chef de famille Alphonsky a épousé en secondes noces