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grand parti. Ils firent croire à leurs ignorantes dupes que le Rowlatt Act décrétait des taxes sur les mariages et sur les funérailles, ce qui blessa le sentiment religieux ; et cela ne manqua pas de produire une indignation universelle contre le gouvernement.

En mars 1919, un complot révolutionnaire des plus dangereux éclata soudainement au Punjab, où deux conspirations avaient été antérieurement découvertes et étouffées. Ce complot s’étendait sur une grande partie de l’Inde du Nord-Ouest et était beaucoup mieux organisé que la grande Mutiny. Il devait y avoir un soulèvement général aidé par la révolte des régiments indiens. Les chemins de fer devaient être coupés aux points stratégiques. Simultanément devait éclater une insurrection Afghane. L’énergie du gouvernement du Punjab put tout juste éviter une grande catastrophe qui eût coûté des milliers de vies ; de nombreux meurtres furent toutefois commis et de nombreuses propriétés détruites. Amritsar, choisie par les rebelles en raison de son titre de Ville sainte des Sikhs, devint le centre du mouvement. Seules, des mesures promptes et énergiques purent sauver la situation. 400 individus, poussés à la violence par des agitateurs, furent tués. De ceux-ci, 370 furent fusillés par les ordres du général Dyer qui, avec 50 Cipayes, se vit en face d’une foule de 10 000 insurgés déjà maîtresse d’Amritsar. Des gens incapables de se rendre compte des terribles nécessités du moment, et se refusant à croire à la gravité de la situation firent au général Dyer et aux fonctionnaires du Punjab de violents reproches. Les habitants d’Amritsar, immédiatement après l’événement, manifestèrent à la façon indienne leur gratitude au général Dyer. Une courte proclamation du gouvernement de l’Inde, attribuant la responsabilité de ces événements aux politiciens, avertissant que toute rébellion serait sévèrement réprimée, aurait pu terminer l’affaire. Toutefois, sept mois après l’événement, le secrétaire d’État décida de constituer un Comité d’enquête ; et les révolutionnaires indiens ne laissèrent pas échapper l’occasion. Dans l’Inde et en Grande-Bretagne, une propagande haineuse fut entreprise. Avant que commençât l’enquête, des témoins gênants furent intimidés, d’autres désorientés