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MAHATMA GANDHI


Des orbites profondes, où brûle une flamme farouche ; un nez busqué, dont le relief s’accuse entre les joues émaciées ; un teint qu’assombrit encore la masse noire de la moustache et des cheveux ; sous d’assez chétives apparences une intense impression de force nerveuse et d’ardeur concentrée : tel nous apparaît l’agitateur, le prophète, l’apôtre, le messie de l’Inde contemporaine, celui de qui elle attend, d’un jour à l’autre, son salut et sa liberté, — Mohandas Karamchand Gandhi.

Il aura tantôt cinquante-trois ans, étant né le 2 octobre 1869, dans la principauté de Porbandar, au Kathiavar, dont la péninsule, évasée entre les golfes de Koutch et de Cambaye, forme l’extrémité sud de la province de Goudjerat, et relève avec elle de la présidence de Bombay.

Sa famille n’est pas de haute caste. Son père, que certains journaux donnent pour le Dewan, c’est-à-dire le Premier Ministre, du petit État indigène où il a vu le jour, paraît n’avoir été, en réalité, qu’un simple « banyan », grand négociant d’une classe et d’une secte qui observe rigoureusement le jeûne et ne mange pas la chair des animaux. Lui-même est demeuré strictement végétarien et ne boit autre chose que de l’eau et du lait.

Quand, après avoir terminé ses classes, après s’être marié