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cependant aucune divergence fondamentale qui soit de nature à élever entre les chancelleries française, espagnole et britannique un conflit inquiétant. Sans doute, un accord se consacrera-t-il plus aisément par les voies diplomatiques normales que dans la hâte fiévreuse d’une conférence interalliée ; sans doute nécessitera-t-il, avant de se concrétiser en formules définitives, des conversations qui devront, dans le calme, dans la sérénité et dans une atmosphère de bonne volonté réciproque, régler bien des points importants qui restent encore en suspens ; toujours est-il — et n’est-ce point l’essentiel ? — que cet accord peut se faire et qu’il doit se faire.

La résurrection politique, économique et sociale de l’antique et vaste empire chérifien a donné lieu depuis quelque trente ans et surtout pendant la période qui va de 1904 à 1914 à toute une série d’actes diplomatiques qui, par étapes successives, simplifièrent en le réduisant, si l’on peut dire, à trois faces nettement déterminées, le complexe problème qui se posait aux treize États[1], signataires de la convention de Madrid du 3 juillet 1880, relative au régime des capitulations au Maroc.

Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail de ces tractations, quelque historiques qu’elles puissent être. Au reste qui ne se souvient de celles qui tinrent dans la vie diplomatique européenne une place prédominante et souvent dramatique ?

L’acte d’Algésiras d’abord, signé le 7 avril 1906 et qui, mettant un terme au grave malaise provoqué par la brutale manifestation du Kaiser à Tanger, bouleversa les dispositions que M. Delcassé avait prises en harmonie avec les cabinets de Londres et de Madrid et arrêta un nouvel ordre de choses au Maroc. Le principe de l’intervention et du contrôle au lieu d’être établi en faveur de la France et de l’Espagne était en quelque sorte internationalisé ; on ne prévoyait pour la réorganisation de la police chérifienne que des cadres d’ins-

  1. Ces états étaient l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Norvège.