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terminait en disant qu’une fois ces hauts faits accomplis, l’amiral licencierait les transports dont le service pouvait se passer, et leur donnerait pour mission d’aller dans les îles et les ports du continent américain, y prendre cargaison, et alléger d’autant la taxe publique, tout en faisant le bénéfice du commerce et de la richesse nationale[1].

Muni de ces instructions royales, l’amiral Sir Hovenden Walker s’empressa de se rendre à Portsmouth, puis à Spithead, où l’attendaient des vents contraires, des calmes plats, des accidents de mâture, enfin toute cette série de contre-temps qui s’abattent sur une escadre à voile, et retardent l’appareillage du lendemain au lendemain.

Une journée, c’étaient les officiers de la flotte qui n’avaient pas encore reçu l’ordre d’obéir à l’amiral, et ne voulaient écouter que Sir Edward Whitaker, plus ancien que lui. Le lendemain, c’était l’impossibilité d’obtenir un transport pour aller chercher l’infanterie de marine à Plymouth Puis, les troupes arrivées, les vaisseaux n’avaient pas les garnitures d’ancres nécessaires ; le gros temps s’en mêlait, et la mer était trop forte pour embarquer les mortiers de siège. S’il ventait bonne brise, les navires n’étaient pas encore suffisamment approvisionnés. S’ils regorgeaient de vivres, au moment d’appareiller, un grain fondait sur la frégate le Devonshire, et lui rasait tous ses mâts de hunes, pendant qu’une seconde frégate, le Swiftsure, perdait ses mâts de perroquet. Le grain passé, le calme prenait, et pendant que toutes ces contrariétés fondaient à tire d’aile sur la flotte, le secrétaire St. John — plus tard lord Bolingbroke — ne cessait de dépêcher courrier sur courrier à l’amiral, pour lui dire que c’était le bon plaisir de Sa Majesté de le voir prendre la mer au plus tôt.

Enfin, à force d’écrire, de donner des ordres, et d’éreinter des courriers, tout devint prêt, et ce fut le 29 avril 1711, à quatre heures du matin[2], que l’amiral Walker quitta son mouillage

  1. And as to such Transports of which you shall have no further occasion, you are to direct them to go and seek Freights, either upon the Continent of America, or in the Islands, to ease the Publick of the Burthen of such Transports, and for the good and benefit of the Trade of Great Britain. — Royal instructions.
  2. Les frégates avaient pour six mois d’approvisionnements ; les transports pour trois mois. — Livre de loch de l’amiral.