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avec la fourberie. Pourquoi ces déplorables efFets dune cause excel- lente? Peut-être est-ce la faute d'un mauvais législateur, ou de la for- tune adverse, « ou bien encore, ajoute Platon, de quelque condition naturelle d aulre sorte, telle que celle que je vais dire. C'est quelque chose en elTet... qui ne doit pas nous rester inconnu, en ce qui con- cerne les régions géographiques, qu'une région nest pas propre à 1 égal d'une autre à rendre les hommes meilleurs ou pires et qu'il ne faut pas légiférer en opposition avec ces intluences : il y a des régions que la diversité des vents ou bien l'ardeur du soleil rendent pour les hommes inclémentes aussi bien que propices : dans d'autres cela dépend des eaux, dans d'autres encore de la nature des ali- ments qui sortent de la terre et qui ne sont pas pour les corps seulement meilleurs ou pires, mais non moins capables de produire ces mêmes effets sur les âmes. » Bref les conditions topographiques et climatériques, et en outre un mode dalimentalion en rapport avec les productions du sol, voilà ce qui fait Ihomogénéité du groupe social : tous les individus qui se trouvent, pour quelque raison que ce soit', habiter une même région et qui s'v sont multi- phes, étant soumis aux mêmes intluences, se ressemblent ou en viennent à se ressembler. Ainsi par des causes extérieures à lindi- vidu se réalise l'unité éthique d'un groupe social. — Sans doute on pourra dire que certaines de ces idées nétaient pas entièrement nouvelles, et la médecine grecque, comme on le voit par le traité hippocratique Ue lair, des eaux et des lieux, surtout dans son der- nier chapitre, n'était pas sans avoir fait des remarques analogues. Sans doute encore, dans cette explication, les seuls facteurs spéci- fiquement sociaux ce sont limitation et l'éducation, et Platon est certes très loin dune conception sociologique telle que celle de M. Durkheim. Je noublie pas non plus que. à la suite du dévelop- pement que je citais tout à l'heure, l'auteur des Lois fait dépendre les influences mêmes qu'il invoque de ces puissances médiatrices, favorables ou malfaisantes, que sont les démons. Il n'en est pas moins vrai qu'il fait appel à un mode d'explication qui, a consi- dérer les seules causes prochaines, n'a rien de mythique, qui est au contraire desprit scientifique et comporte une aulre sorte de précision que l'explication fondée sur la psychologie individuelle. Bien plus, l'exphcation elle-même marque une orientation nouvelle

i. Quelle serait. s«lon Platon, celte raison, on le verra nir le t.-xio ,î. m,, \\ Cite au début «lu S V. '