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Venez à nous ! Sortez des horreurs de la guerre
Pour tomber dans nos bras !
Tant qu’il est temps encore — remettez la vieille épée au fourreau,
Camarades ! Nous serons frères !

Mais si vous refusez, — nous n’avons rien à perdre.
Et nous aussi nous pouvons être perfides.
Durant des siècles vous serez maudits
Par vos enfants et les enfants de vos enfants, tous malades !

Partout, nous nous retirerons
Dans l’épaisseur de nos forêts.
À la séduisante Europe
Nous montrerons notre gueule asiatique.

Arrivez, tant que vous êtes, sur l’Oural !
Nous viderons la place pour la bataille
Entre les machines d’acier qu’anime le calcul intégral,
Et la horde sauvage des Mongols !

Mais nous, dès maintenant, nous ne sommes plus votre bouclier,
Dès aujourd’hui, nous abandonnons la lutte ;
Nous regarderons de nos yeux étroits
Grouiller le combat à mort.

Nous ne bougerons pas, quand le Hun bestial
Fouillera dans les poches des cadavres,
Incendiera vos villes, logera ses chevaux dans vos églises,
Et fera rôtir la chair des frères blancs…

Une dernière fois ! — prends garde, vieux monde !
Au festin fraternel du travail et de la paix,
Au clair festin fraternel, — une dernière fois,
Te convie ma lyre barbare !



ALEXANDRE BLOCK.