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Enfin, les Juifs ont un droit éminent sur la terre que leurs pères n’ont abandonnée « qu’après la plus belle résistance qui ait jamais été faite par les faibles contre les horreurs de la conquête[1] ». Ils n’ont jamais perdu l’espoir du retour. En terre étrangère, ils ont répété chaque matin la vieille prière :


Sois loué, Éternel, qui rebâtiras Jérusalem !


Les Juifs rebâtiront Jérusalem. Ils reprendront contact avec la terre ardente où leurs patriarches élurent Dieu, où leurs prophètes rêvèrent de sauver les hommes.

Alors se réaliseront les grandes paroles du poète juif :

 
Et parmi le miel de tes abeilles.
Le lait de tes brebis, le raisin de tes vignes,
Tu verras se dresser, convalescente et jeune,
Ta fierté, Israël.



Les antisémites reprochent à la Société des nations d’avoir été créée par les Juifs pour de mystérieux et redoutables desseins. Tandis que l’antisémitisme mise sur la carte nationaliste, les Juifs internationaux miseraient sur la « Société Anonyme des Nations[2] ».

Sous sa forme exagérée et malveillante, cette assertion contient une part de vérité.

Les ardents poètes politiques d’Israël avaient eu depuis longtemps la souriante vision de la cité fraternelle emplie du chant des forges pacifiques.

La Société des nations est une tentative de réaliser le vieux rêve naïf. Ce n’est pas par hasard que les deux hommes politiques, qui ont le plus activement présidé à la construction de l’édifice, sont des puritains imbus d’esprit judaïque.

  1. I. de Sarcley, Les derniers jours de Jérusalem.
  2. G. Batault, Mercure de France du 1er février.