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tête du gouvernement des Soviets, il y en a aussi qui dirigent les destinées capitalistes des gouvernements d’Angleterre, de France ou d’Italie.



L’émancipation civile et politique n’a pu résoudre la question juive.

Un humanitarisme de principe, non une sympathie spontanée, a rompu les chaînes des ghettos, mornes patries de l’exil. De nombreux Juifs se sont rués vers la civilisation occidentale, jusqu’alors interdite. Ivres de disparaître, ils se sont ardemment assimilés. Ils ont aimé leurs nouvelles patries avec toute la sincérité possible, et parfois avec une exagération un peu ridicule. Ils leur ont pris la langue, les mœurs et les plus profondes aspirations.

Mais beaucoup n’ont pu accepter ce suicide moral. Ils n’ont pas voulu entrer dans la cité chrétienne, ou n’ont pu y demeurer. L’apostasie leur répugnait. Ils avaient conscience d’appartenir à un peuple vivant, dont l’œuvre temporelle n’était pas encore achevée et qui devait dédier sa pureté à la poursuite d’un idéal traditionnel.

D’ailleurs, dans les pays qui avaient libéré les Juifs, l’antisémitisme ne désarmait pas. La situation des Israélites devenait plus fausse que jamais. On rappelait durement leur nationalité aux assimilés qui avaient cru ingénument à une libération véritable. On leur faisait reproche d’accaparer et de corrompre les domaines de la politique, des finances et des arts. On leur faisait grief de leur trop souple faculté d’assimilation.

Aux Juifs fiers, on reprochait par contre de rester un peuple étrange sur une terre étrangère.



Quelques nobles esprits d’entre les Juifs trouvèrent la vraie solution. Ils comprirent que le peuple errant ne pourrait revivre une vie saine que par le retour à la