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LA CHRONIQUE INTERNATIONALE
INTERNATIONALISME ET CATHOLICISME

Benoît XV, dans son encyclique du 28 mai 1920, émettait le vœu que tous les Etats « se réunissent en une association, ou plutôt en une sorte de famille, apte aussi bien à conserver la liberté de chacun qu’à protéger l’ordre de la société humaine » ; et pour cette œuvre, il offrait aux Etats le « concours zélé de l’Eglise, modèle parfait de société universelle, et qui possède, par son organisation même et par ses institutions, une merveilleuse force pour unir les hommes ». Que l’Eglise, en se mettant ainsi à la disposition de la jeune Société des nations, ne fait qu’obéir à la logique de son dogme, à la logique de toute son histoire : c’est ce que nous voudrions montrer.

I

En 212 de notre ère, de par la volonté de l’empereur Caracalla, dans le monde dit civilisé, il n’y a plus un seul homme libre qui ne soit citoyen romain. Du fond des catacombes, les regards chrétiens s’élèvent vers la terre ; puissance souterraine encore, l’Eglise, déjà, commence de planer. Ses docteurs, ses papes, aperçoivent, presque à perte de vue, la vaste unité romaine, et puis, au-delà, quelque chose de mal défini, d’amorphe, de mouvant, la barbarie ; et ceci, plus tard, tuera cela. Mais pour l’instant l’œuvre romaine paraît indestructible ; par dessus la diversité des races et des peuples, la Rome impériale a construit une patrie unique. La jeune Eglise, par la voix de