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circulaire sur les précautions à prendre, Guy Patin écrivait, le 26 septembre, à un de ses correspondants : « Il y avait ici de certaines gens qui faisaient des assemblées clandestines sous le nom de Congrégation du Saint-Sacrement ; ces messieurs se mêlaient de diverses affaires et ne faisaient jamais leurs assemblées dans le même endroit ; ils mettaient le nez dans le gouvernement des grandes maisons, ils avertissaient les maris de quelques débauches de leurs femmes : un mari s’est fâché de cet avis, s’en est plaint et les a poussés à bout, après avoir découvert la cabale ; ils avaient intelligence avec ceux de la même confrérie à Rome, se mêlaient de la politique et avaient dessein de faire mettre l’Inquisition en France et d’y faire recevoir le concile de Trente… C’était une machine poussée spiritu Loyolitico latente. Plaintes en ont été portées au Roi, qui a défendu de telles assemblées avec de rigoureuses menaces[1]. »

Il est impossible de ne pas établir un rapport entre les affirmations de Guy Patin et ce qui s’était passé, deux ans auparavant, à Bordeaux où certains « invisibles », après avoir fait singulièrement jaser, avaient été l’objet, en la Grand’Chambre, d’une plainte du procureur du roi, M. de Pontac. Il s’était élevé contre une assemblée « qui, disait-il, choque l’autorité et les ordonnances royales et qui est composée de personnes privilégiées et non-privilégiées ». Il l’accusait de compromettre la paix des ménages et de faire enfermer des femmes et des filles sans aucune information ni condamnation dans le couvent de Sainte-Madeleine. Par un arrêt du 12 juillet, la Cour avait fait « très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient de s’assembler sans permission du roi et de la cour, aux peines portées par les ordonnances royales, de porter ou envoyer aucun billet injurieux à la réputation des hommes et des femmes à peine de punition corporelle ». Elle interdisait également aux jurats de prêter la force armée de la ville « pour conduire aucune femme ou fille dans le couvent de Sainte-Madeleine » et à la supérieure de les recevoir sans

  1. Lettres de Guy Patin, édition de Paris, 1692, t. I, p. 490.