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2. Action des éléments refoulés : Ces pensées refoulées et devenues subconscientes, cloîtrées qu’elles sont dans le sous-sol de notre moi, et y restant sous pression, pour ainsi dire, continuent à avoir sur notre conduite, et indépendamment de notre volonté ou de notre jugement, une influence souvent décisive. — Ici encore que de faits montrent la justesse de cette conception ! Dans sa Sixième promenade, Jean-Jacques nous raconte qu’il avait pris l’habitude de faire un détour lorsqu’il approchait d’un certain boulevard. S’étant demandé d’où provenait cette habitude « machinale » : « Voilà — répond-il — ce que j’y découvris en réfléchissant ; car rien de tout cela ne s’était offert jusqu’alors distinctement à ma pensée » : il s’agissait d’éviter un petit mendiant dont le babil était déplaisant. « Nous n’avons guère de mouvement machinal, remarque Rousseau, dont nous ne puissions trouver la cause dans notre cœur, si nous savions bien l’y chercher ». Mettez « subconscient » à la place de « cœur », et vous avez dans toute sa pureté l’essence même de la doctrine psychanalytique. On voit qu’il n’y a pas là de quoi effrayer les populations !

C’est exactement la même idée qui est exprimée par Pascal dans son fameux aphorisme : « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point. »

Un biologiste français du siècle dernier, Durand (de Gros), trop méconnu, et qui l’un des premiers s’était occupé du subconscient, appelait les « moi » de la subconscience, « les souffleurs cachés, les suggesteurs secrets de nos sentiments, de nos pensées, de nos résolutions. » Mais cette remarque si profonde est restée complètement inaperçue ou incomprise.

Souvent la pensée refoulée, au lieu de se traduire par un acte, ne se trahit que par un malaise. Cette fois, nous sommes en plein dans le domaine des constatations les plus vulgaires. Qui n’a éprouvé les tourments de la « mauvaise conscience », causes par le refoulement du souvenir de nos fautes, quand nous n’osons pas les regarder en face, nous Les avouer ? ou les bienfaits de la confession (cette psychanalyse avant la lettre) qui. en donnant. issue à ces états refoulés, délivre rame du poids qui l’op-