Page:Revue de Genève, tome 1, 1920.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

internationales non officielles aient été tenues depuis, aucun progrès pratique ne fut accompli jusqu’à ce que l’Association Internationale pour la Protection légale des travailleurs fût créée en 1900. Cette Association avait un caractère semi-officiel. Elle recevait des subventions gouvernementales pour lui permettre de publier un bulletin international de la législation du travail, et des représentants des gouvernements assistaient à ses conférences bisannuelles en qualité de conseillers. Au début, il paraissait probable que l’Association réussirait à établir le Code international du travail. Le résultat de ses efforts fut qu’une conférence officielle, à laquelle divers pays européens étaient représentés, eut lieu en 1905, et adopta deux projets de conventions, dont l’une était destinée à interdire le travail de nuit des femmes dans les entreprises industrielles, et l’autre à interdire l’emploi du phosphore blanc toxique dans la fabrication des allumettes. En outre ces projets de convention, examinés par une conférence diplomatique tenue l’année suivante, furent signés par certains Etats. Ceci peut être considéré comme un premier pas très important vers la législation internationale du travail. Mais malgré les conférences tenues régulièrement et l’influence exercée sur les divers gouvernements par les sections nationales de l’Association, il fut impossible d’amener les gouvernements à réunir de nouveau une conférence officielle avant 1913, et même, à cette occasion, deux questions seulement furent inscrites à l’ordre du jour : l’adoption de la journée de huit heures pour les femmes et les adolescents et l’interdiction du travail de nuit des jeunes gens. Ces conventions devaient être étudiées plus en détail par une conférence diplomatique en 1914, mais le projet dut être abandonné par suite de la guerre. Il est donc évident que le progrès a été extrêmement faible, si faible en effet qu’on peut à peine le qualifier de progrès. La cause en est claire aujourd’hui : c’était parce que les gouvernements n’avaient aucune facilité pour communiquer les uns avec les autres, sauf par les voies diplomatiques.

Les diplomates qui devaient faire les démarches préliminaires et qui devaient finalement signer les conventions, appartenaient pour la plupart à l’ancien régime, n’étaient pas au courant des conditions du travail et n’y portaient qu’un faible intérêt. Ni ouvriers, ni patrons n’ont aucun moyen efficace de contrôler la diplomatie. Les grands industriels peuvent bien exercer une influence sur celle-ci dans les questions importantes du commerce international. Le petit industriel, au contraire, qui s’intéresse surtout à sa propre fabrique et qui est disposé à accorder à ses ouvriers les meilleures conditions possibles, est forcé de se défendre contre la concurrence étrangère et n’a presque aucune relation avec son ministère des Affaires Etrangères. On considérait encore moins les ouvriers. La diplomatie ne s’occupait guère des résolutions adoptées par les Conférences Internationales du Travail ou autres organisations du travail. Il n’y avait aucun organisme permanent auprès duquel des organisations pouvaient imposer leurs recommandations. D’autre part, la méthode qui