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LA CHRONIQUE INTERNATIONALE

LA RÉGLEMENTATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL

I. Histoire du Mouvement en faveur de la Législation Internationale du Travail.

Il n’y a pas lieu de présenter en détail les arguments en faveur de l’unification des conditions du travail. Tout le monde est d’accord sur cette question. Les travailleurs désirent naturellement voir leurs camarades de tous les pays jouir de conditions de travail également avantageuses. Outre ce sentiment international, dont l’intensité s’accroît parmi les travailleurs du monde entier, les classes ouvrières, dans les pays plus développés, se rendent compte de l’entrave mise à leur progrès par l’idéal moins élevé des autres pays. D’autre part, les patrons ont intérêt à voir pratiquer par toutes les nations la réglementation des industries. L’industriel qui est tenu d’accorder la journée de huit heures à ses ouvriers, ou qui doit se conformer à certains règlements au sujet des conditions d’hygiène et de sécurité dans ses usines, tient naturellement à voir les mêmes restrictions imposées à ses concurrents dans les autres pays. On a raison de dire que les hommes d’affaires sont des internationalistes acharnés. Devant cette unanimité, il est remarquable que le moyen d’établir un code international du travail n’ait été trouvé que récemment. L’idée fut conçue il y a déjà cent ans, on n’a jamais opposé d’objections sérieuses à cette suggestion, et cependant rien n’a été tenté pour la mettre à exécution.

La première démarche pratique fut faite en 1890. quand une conférence officielle fut convoquée à Berlin pour discuter certaines questions concernant la réglementation du travail[1]. Certaines résolutions furent adoptées, mais elles n’avaient pas force de loi. Elles ne furent pas même rédigées sous forme de Convention, destinée à être soumise à la ratification des divers Etats. Cette conférence ne semble avoir eu aucun résultat important, et bien que plusieurs conférences

  1. L’initiative intelligente et généreuse de cette conférence remonte au gouvernement suisse : l’empereur d’Allemagne s’en empara pour la réaliser à son bénéfice (N. D. L. R.)