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lèvres il souffla doucement. On entendit alors comme une voix plaintive qui disait :

— « Mon frère, mon frère,

J’ai été tuée dans un bois.

Pour trois brins de Pimpenois ! » [1]

— « Qu’est-ce que cela signifie, s’écria le roi », et prenant le sifflet il souffla à son tour.

— « Mon père, mon père, reprit la voix,

J’ai été tuée dans un bois

Pour trois brins de Pimpenois ! »

— « Comptez-vous vous amuser longtemps avec ce joujou, fit le frère aîné d’un air dédaigneux sous lequel il cherchait à dissimuler son effroi » ; mais déjà la mère avait pris le sifflet et la voix disait :

— « Ma mère, ma mère,

J’ai été tuée dans un bois

Pour trois brins de Pimpenois ! »

— « Voilà qui est étrange dit le père profondément troublé » ; et se tournant vers son fils :

— « À vous maintenant », dit-il.

— « Nous n’allons pas nous attarder à ce jeu puéril », fit le prince d’un ton méprisant ; et saisissant le sifflet magique il voulut le lancer au loin, mais le roi le prévint.

— « Je vous demandais de souffler à votre tour, maintenant je vous l’ordonne », dit-il, et sa voix était si sévère que le jeune homme dut obéir. Il porta à ses lèvres tremblantes le sifflet vengeur et aussitôt la voix reprit, terrible :

— Maudit, maudit,

Tu m’as tuée dans ce bois

Pour trois brins de Pimpenois !

Frappé de terreur le meurtrier tomba à genoux, confessant son crime. Il avait tué sa sœur pour s’emparer des fleurs qu’elle