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REVUE D’ALSACE.

bonnes meurs, le respect pour vos autorités, l’obéissance aux lois, l’assiduité au travail, la persévérance, l’ordre et l’économie, vertus qui font la prospérité domestique. C’est par elles que votre État s’est fondé ; c’est en elles que vous avez trouvé la force de traverser les temps difficiles. Elles vous procureront de plus grands avantages encore, placés dans un cercle plus grand.

« Je crois pouvoir vous prédire que, par le commerce, l’industrie, l’activité persévérante, l’ouverture de canaux qui passeront par votre territoire, par tous les encouragements que vous donnera la France, votre ville s’élèvera au rang d’une cité considérable. Vos enfants béniront le jour qui vous a unis à nous, car ce jour vous promet abondance et sécurité.

« En signe de respect et de confiance, j’ai prié vos magistrats de continuer leurs fonctions jusqu’au moment où la nouvelle administration pourra être organisée. J’espère que vous tiendrez à leur égard la même conduite que celle qui vous a gagné mon cœur. J’ai mandé à mes supérieurs que Mulhouse a toujours des citoyens zélés, tranquilles, sages et dévoués au bien de leur patrie. Vous avez entendu le résultat de nos négociations ; il vous démontre mieux que des paroles, la prudence consommée de ces députés, vos amis et, j’ose le dire, les miens.

« Ce serait, sans doute, vous offenser que de chercher à vous faire ressortir les avantages particuliers que le traité vous assure. Ça été la volonté de mes chefs de vous considérer comme d’anciens alliés, et de prouver à l’Europe que la grande République protège les opprimés, protège et estime ses anciens amis. Elle vous a regardés comme le dernier et le plus cher de ses enfants, et, si je puis m’exprimer ainsi, elle vous a accordé, comme au dernier de ses fils, des preuves de sa préférence. Combien vos cours doivent être reconnaissants à la Providence qui a si visiblement, si incessamment veillé sur votre petit État. Il serait trop long de rappeler ici les principales époques de votre histoire. Mais, n’est-ce pas la main de Dieu qui vous fit entrer dans la ligue suisse, quand les villes plus considérables de l’Alsace pouvaient avec plus de titres, plus de ressources, prétendre à l’alliance des cantons déjà libres alors ? N’est-ce pas la main de Dieu qui vous préserva, quand les factions et la terreur désolaient le reste du pays ? La destruction et la mort règnaient autour de vos murs, mais elles ne franchirent pas ce seuil sacré. Des désordres éclatent au sein de la confédération, votre ancienne alliée, et c’est dans ce moment même que le Tout-Puissant vous sépare d’elle, et vous conduit sains et saufs à la nation qu’il a comblée, à la face de la terre, des marques de sa prédilection.

« N’est-ce pas lui aussi qui mit un terme à l’anarchie de la grande République, qui précipita la superstition et l’aristocratie, qui donna à son gouvernement l’énergie et la puissance de renverser les plans de ceux qui ten-