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NOTES ET MEMORANDA[1]


1° Nécrologie.

G. DE MOLINARI (1819-1912)


Moins d'un an après l'apparition des Ultima Verba de G. de Molinari, la mort devait donner au titre de ce livre une saisissante et bien affligeante exactitude. G. de Molinari succombait, et avec lui disparaissait l'une des grandes figures du libéralisme économique français.

On peut ne pas partager ses idées sur tous les points. On ne peut se défendre d'un sentiment de profond respect en face d'un penseur resté fidèle toute sa vie, et une vie de quatre-vingt-treize ans, aux idées de sa première jeunesse.

Mais ce n'est pas seulement par la constance de ses croyances économiques — car la doctrine du libre-échange, celle de la supériorité de la société par actions comme instrument de gouvernement économique et même de gouvernement des peuples s'élevaient chez de Molinari à la hauteur d'un dogme et d'une foi laïque — que G. de Molinari s'imposa et se fit un nom dans le domaine des sciences économiques. C'est aussi par l'ardeur qu'il mit à les défendre. Et la liste de ses articles de journaux et de revues, de ses opuscules et de ses ouvrages suffirait à remplir plusieurs pages de cette Revue. Rappelons cependant quelques titres : L'évolution économique du XIXe siècle, théorie du progrès, 1880 ; Les lois naturelles de l'économie politique, 1887 ; Notions fondamentales de i économie politique et programme économique, 1890 ; Économie de l'histoire, théorie de l'évolution, 1908 et enfin Ultima Verba, 1910, dont il a été ici même rendu compte[2] ainsi d'ailleurs que de la plupart de ses ouvrages précédents. Mais si la seconde période de la vie de de Molinari a été particulièrement féconde au point de vue doctrinal, la première ne lavait pas moins été dans le domaine de l'action. Et G. de Molinari a sa place marquée aux côtés de Michel Chevalier, de Bastiat et de la vaillante phalange de penseurs qui préparèrent les voies au libre-échange dans notre pays vers 1830. C'est la période de polémique. C'est aussi dans cette phase de sa vie que G. de Molinari, avec une rare perspicacité, conçut l'idée de la Lion débourses de travail analogues aux bourses de valeurs et de marchandises. En 1857, il fondait même à Bruxelles un journal intitulé Bourse du Travail. Mais comme il arrive souvent à ceux qui s'efforcent d'ouvrir à l'humanité des voies nouvelles, son initiative fut mal accueillie. Le journal

  1. La Revue d'économie politique publiera désormais sous cette rubrique des notes brèves destinée* à relater les faits économiques récents susceptibles d'intéresser ses abonnés et ses lecteur.
  2. Revue d'économie politique, 1911, p. 806.