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EN FRANCE

V

RÉSULTATS ACQUIS ET PERSPECTIVES d’AVENIR

Les associations de production sont encore trop peu nombreuses pour avoir pu exercer une influence quelconque sur la condition générale de la classe ouvrière. Mais du moins ont-elles sensiblement amélioré la condition des quelques ouvriers qui en font partie ?

Oui, mais non dans des proportions aussi grandes qu’on pourrait le penser peut-être. Ainsi si nous prenons en bloc toutes les associations de production qui font des bénéfices (en excluant par conséquent de notre calcul celles qui sont en perte), nous voyons dans la statistique publiée par l’Office du travail que les 5.000 ouvriers qui en font partie ont touché en moyenne.

1.410 francs de salaire annuel.
290 francs de dividende au prorata de leur capital[1].
1.905 fr.

Sur ces 5.000 ouvriers il y en a 12 à 1.300 qui ont touché en plus 205 fr. en moyenne de dividende au prorata de leur travail, ce qui leur fait donc plus de 1.900 fr.

Ce revenu total de plus de 1.900 francs est certainement supérieur à la moyenne de salaires des ouvriers qui, même à Paris, ne dépasse guère 1.500 francs par an (300 jours de travail à 5 fr. par jour ou 250 jours de travail à 6 par jour). Mais il ne faut pas oublier que les ouvriers qui composent les associations de production sont des ouvriers d’élite, tant au point de vue moral qu’au point de vue professionnel — ce qui est suffisamment démontré par les épreuves qu’ils ont dû subir pour créer et faire vivre leur association. Il est donc probable que ces mêmes ouvriers, alors même qu’ils seraient restés sous le régime compétitif, auraient obtenu des salaires supérieurs à la moyenne et se seraient faits un revenu égal ou supérieur à celui qu’ils obtiennent par la coopération.

Mais c’est mal apprécier les résultats de la coopération par ses petits côtés, que de l’évaluer en argent. Les ouvriers coopérateurs ne l’apprécient point ainsi ou en tout cas ne voient pas dans l’aug-

  1. C’est-à-dire des actions qu’ils possèdent dans l’association.