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LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION

trée ». Par conséquent, il aurait suivi avec intérêt l’expérience Rampal. Toutefois, nous inclinons à croire que, si les prêts s’élevaient à des millions et à des centaines de millions de francs, ils ne pourraient plus être faits avec discernement et feraient plus de mal que de bien.

§ 4. Banque des associations coopératives.

Cette banque, destinée à soutenir les associations de production en leur avançant de l’argent, a été fondée en 1893. On pourrait nous demander pourquoi nous la faisons figurer dans ce chapitre puisque une banque est une institution normale au point de vue économique, et qui ne paraît avoir rien de commun avec les subventions et privilèges déjà énumérés ? Mais nous répondrons que cette banque a un caractère exceptionnel parce que son capital est dû tout entier à la générosité d’un philanthrope et à l’État. Elle a commencé, en effet, avec un don de 50.000 francs fait par l’État et elle a reçu aussitôt après un don de 500.000 francs par un simple particulier, disciple de Fourier, qui a fait fortune en Amérique et qui parvenu à la vieillesse vit aujourd’hui à Paris, dans la plus modeste retraite. Il a voulu rester anonyme et nous ne disons point son nom.

Cette banque a pour but de faire des prêts aux associations déjà constituées, soit en escomptant leurs effets de commerce, soit en leur avançant de l’argent sur les travaux déjà exécutés par elles mais non encore payés. Et si l’on se reporte à ce que nous avons dit tout à l’heure, on comprendra l’importance de ce dernier service. Cependant, on ne peut pas dire que la banque fasse de brillantes affaires : elle fait chaque année pour 1 million de francs de prêts répartis entre une cinquantaine d’associations. Mais ses bénéfices sont très petits, et sont même souvent absorbés par les pertes infligées par certaines associations en détresse. Au reste, à raison de ses origines mêmes, elle se considère plutôt comme une institution philanthropique que comme une institution de crédit. Son généreux fondateur lui avait dit non point : « faites des affaires », mais « rendez des services ». Et elle en rend en effet incontestablement : seulement les services coûtent généralement assez cher à ceux qui les rendent.