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LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION

rappeler à ce propos l’histoire des 2.000.000 francs qui avaient été prêtés par l’État, en 1848, aux associations de production et qui non seulement furent en grande partie perdus, mais encore semblèrent avoir contribué à accélérer la ruine des associations qui avaient eu recours à ce présent funeste. Ils ne manquaient pas de prédire que la fondation Rampai aurait les mêmes effets, et ils exultèrent quand les premiers résultats connus semblèrent en effet leur donner pleinement raison.

Il faut avouer qu’ils n’étaient pas encourageants ! En 1883, année dans laquelle eurent lieu les premiers prêts, la Ville avait prêté 278.000 francs ; il ne lui en rentra dans la suite que 114.000, c’est-à-dire que 59 p. 100 furent définitivement perdus. En 1884, elle en prêta 141.000 : il lui en rentra 109.500 ; la perle fut moindre, toutefois elle est encore de 22 p. 100. En 1885, découragée sans doute ou ayant épuisé les fonds disponibles, la Ville ne prêta rien. En 1886, elle ne prêta que la modique somme de 24.000 fr. et il ne lui en rentra que 18.628 ; la perte fut encore de 22 p. 100.

Cependant on pouvait déjà constater d’une année à l’autre un certain progrès. Ce progrès se manifesta d’une façon étonnante et vraiment inattendue dans les années suivantes. De 1887 à 1889, elle prêta seulement 9.000 fr. sur lesquels il fut remboursé 8.135 fr. : la perle est inférieure à 10 p. 100. En 1890, elle reprend courage et prête 65.800 fr, sur lesquels il lui a été remboursé 64.341 fr. ; la perte n’est plus que de 2 p. 100 ! Enfin, pour abréger, de 1890 jusqu’au 1er janvier 1899, elle a prêté 605.000 fr. sur lesquels il lui a été remboursé déjà 585.500 fr. ; la perte est de 19.500 fr., soit 3 p. 100. Et encore faut-il remarquer que cette perle de 19.500 fr. est due toute entière à une seule société l’Espérance du bâtiment (nom qui ne lui a pas porté bonheur !) qui a fait faillite en 1898.

En somme, sauf cet accident fâcheux, sauf une autre société qui ayant emprunté 30.000 fr, n’a pu les rembourser à l’échéance et a fait proroger son prêt (ce qui d’ailleurs est très licite) et deux ou trois autres qui ne s’acquittent qu’avec une certaine lenteur, tous les prêts effectués pendant ces huit dernières années à plus de 30 associations ont été intégralement remboursés. Il est donc évident que l’administration municipale s’est montrée beaucoup plus prudente et vigilante dans les prêts qu’elle a consentis, et que les associations ouvrières de leur côté ont fait preuve d’une remarqua-