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EN FRANCE

Malgré la difficulté que nous venons de signaler, les associations coopératives de production recherchent évidemment les commandes de l’État et des municipalités et on pourrait même dire que la plupart ne vivent guère que par elles. En ce moment plusieurs sont occupées par les travaux de l’Exposition ; elles construisent le Palais d’Économie sociale, et aussi toutes les palissades qui servent de clôture aux chantiers de l’Exposition : sur une longueur d’une dizaine de kilomètres, on peut lire « Association coopérative des charpentiers de Paris ». La raison de cet empressement des associations de coopération à rechercher les commandes de l’État et des municipalités est bien simple ; c’est qu’elles ne trouvent guère d’autres clients. Nous avons déjà dit pourquoi la clientèle des sociétés de consommation leur faisait défaut : quant à la clientèle bourgeoise elle montre peu d’empressement, parce que ces associations n’ont pas en général une marque très connue et parce que les intermédiaires, c’est-à-dire les architectes et entrepreneurs, préfèrent souvent avoir à faire avec des fabricants ordinaires. Cependant quelques-unes de ces associations obtiennent des travaux de certaines grandes compagnies. Par exemple l’association « des ouvriers ferblantiers » travaille surtout pour la Compagnie de l’éclairage au gaz de la ville de Paris[1].

§ 3. Fondation Rampal.

En 1879, un riche philanthrope, Benjamin Rampai, légua toute sa fortune à la ville de Paris à la charge par celle-ci d’en consacrer les revenus à des prêts aux associations ouvrières parisiennes. Les sommes remboursées, avec les intérêts, devaient rentrer dans la masse et grossir indéfiniment le capital disponible, comme dans la fameuse fondation Peabody pour la construction de maisons ouvrières à Londres. La fortune laissée par M. Rampal s’élevait à 1.411.000 fr. mais, par suite d’une charge d’usufruit, la Ville n’a eu à sa disposition jusqu’à présent qu’un capital de 563.000 francs.

Cette fondation a provoqué beaucoup d’articles peu sympathiques. Les économistes de l’école libérale n’ont pas manqué de

  1. D’après la statistique faite par M. Fontaine, les travaux faits pour le compte des administrations publiques représentent, sur l’ensemble des travaux exécutés par toutes les associations de production, une proportion de 15 p. 100 ; mais cette proportion s’élève à 50 p. 100 pour les maçons, charpentiers, menuisiers, et même jusqu’à 90 p. 100 pour les plâtriers et peintres en bâtiment.